lundi 8 août 2011

Le charpentier, sa femme et son apprenti (9 av)

Parmi les diverses histoires de Tisha Beav racontées par le Talmud et expliquant pourquoi le Temple a été détruit, il en est une qui est peu connue, celle du charpentier, qui explique le coté destructeur d'une autre forme de haine : la convoitise.



Il y avait en ce temps là un charpentier, qui avait une très belle femme. Ce charpentier avait un apprenti, et cet apprenti convoitait en secret la femme du charpentier. Il n'osait pas lui faire d'avances, vu qu'elle était mariée, mais au fond de lui il désirait l'avoir pour lui. Un jour, l'apprenti ayant terminé sa formation quitte le charpentier et s'installe dans une ville voisine. Ses affaires sont florissantes.
En revanche, avec le temps, les affaires du vieux charpentier périclitent et il a besoin d'argent. Le jeune charpentier (l'ancien apprenti) lui propose de lui prêter la somme dont il a besoin, il lui écrit qu'il n'à qu'a envoyer sa femme prendre l'argent chez lui.
La femme part chez le jeune charpentier mais, au lieu de repartir immédiatement chez elle, elle reste trois jours chez lui, sans qu'il ne se passe rien d'interdit pour autant. Le mari, cependant, est inquiet et part à sa recherche. Entre temps, la femme rentre chez. Le vieux charpentier arrive chez le jeune qui lui dit :
-Ta femme ? Elle est venue et elle est repartie aussitôt ! Mais il me semble l'avoir vue avec des hommes, il s'est surement passé quelque chose de pas très cachère avec eux.
Le vieux charpentier, abattu, lui demande conseil :
-Et que dois-je faire ?
-Tu ne devrais rester avec elle, divorce !
-Tu as raison, je vais divorcer, mais je n'ai pas les moyens de le faire...
-Il n'y a pas de problème, je veux t'aider à faire cette mitsva, je vais te prêter encore de l'argent pour pouvoir divorcer !
Le mari repart, en colère. De retour chez lui, il trouve sa femme et lui donne son guet. Celle-ci, bien contente, s'en va chez le jeune charpentier, qui l'épouse.
Le vieux charpentier se retrouve alors seul, et criblé de dettes. Il ne peut pas s'en sortir... Il a déjà perdu sa femme, et petit à petit il doit vendre son atelier et sa maison...
Le jeune charpentier se rend au bet din pour demander le remboursement de la dette. Comme le vieux charpentier ne peut pas payer, le bet din lui propose alors de travailler comme serviteur chez son créancier.
Le vieux charpentier n'a pas le choix, et, à contre-coeur, il entre au service de celui qui fut son apprenti.
A cause de la convoitise du jeune charpentier, en quelques années le vieux charpentier a tout perdu : sa femme, son travail, sa maison, son honneur...
Il est réduit à faire la lessive de son ex-femme et laver les pieds de son ex-apprenti.
Un jour il se tient debout, à remplir les verres de deux là, assis en train de manger tranquillement.
Il pleure, et il est écrit que c'est avec les larmes de ce charpentier que le Tribunal Céleste a rédigé le décret de destruction du Temple.

(Guittin 58a)

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